Des premiers émois juvéniles aux fastes impériaux, les bagues de Napoléon ont accompagné chaque étape de son exceptionnel destin. Bijoux d'amour, insignes de pouvoir ou symboles patriotiques, elles racontent aujourd'hui encore l'histoire intime d'un homme qui a changé le cours de l'Europe. Entre pierres précieuses et métal brut, découvrez comment ces petits cercles d'or sont devenus de grands témoins de l'Histoire.
Les premières bagues de Napoléon : entre amour et jeunesse
L'histoire des premières bagues de Napoléon commence bien avant son ascension au pouvoir impérial. En 1785, alors simple lieutenant âgé de 16 ans, Bonaparte est affecté à un régiment en garnison à Valence. C'est là qu'il rencontre son premier amour, Charlotte Pierrette Anne du Colombier, surnommée Caroline, une jeune femme de deux ans son aînée (et non sept ans, comme souvent rapporté).
Cette idylle de jeunesse, restée platonique, est évoquée par Napoléon lui-même depuis son exil à Sainte-Hélène :
« On n’eut pas su être plus innocents que nous ; je me souviens encore d’un matin piquant, au milieu de l’été, au point du jour ; on le croira avec peine, tout notre bonheur se réduisit à manger des cerises ensemble ».
Vingt-cinq ans plus tard, devenu empereur, Napoléon offre à Caroline, devenue Madame de Bressieux, une bague au châton ovale ciselé de feuillages. Sous un verre bombé, une délicate scène en ivoire représente un couple cueillant des cerises près d’un temple antique, référence directe à leurs souvenirs partagés. Cette bague, vendue aux enchères en 2017 par la maison Osenat, a été acquise pour 36 250 € (soit près de trois fois son estimation initiale) par l’association Bonaparte à Valence, soucieuse de rapatrier ce bijou historique dans sa ville d’origine.

La bague de fiançailles à Joséphine : un symbole d’amour sobre mais poignant
Le 24 février 1796, Napoléon annonce ses fiançailles avec Joséphine de Beauharnais. Pour sceller cette union, il lui offre une bague d’une simplicité révélatrice de sa situation financière modeste à l’époque :
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Ornée d’un diamant et d’un saphir taillés en poire, disposés « en toi et moi » (symbolisant la fusion des deux âmes).
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Inscription "NB" (Napoléon Bonaparte) entourée de rinceaux, et « amour sincère » gravé sur l’anneau.
Ce bijou, estimé initialement entre 8 000 et 12 000 €, a été vendu en 2013 chez Osenat pour 896 400 € (incluant les frais), un record pour un objet personnel de l’Empereur.
Bijoux et pouvoir impérial : des symboles politiques
Sous l’Empire, les bagues deviennent des instruments de propagande :
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Lettres "N" diamantées et chevalières à l’effigie de l’aigle impérial, inspirées de l’héritage romain (lauriers, Légion d'honneur).
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Bagues patriotiques comme celle en fer portant l’inscription « J’ai donné de l’or pour du fer – 1813 », témoignant de l’effort de guerre.
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Dépenses d'apparat : Joséphine dépense 1,4 million de francs en 1805 en bijoux, un faste encouragé par Napoléon pour assoir son prestige.

Valeur historique et émotionnelle
Ces bijoux transcendent leur valeur matérielle :
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La bague aux cerises de Caroline, exposée à Valence, incarne la mémoire romantique de Napoléon.
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Celle de Joséphine, vendue près d’un million d’euros, symbolise un amour passionné malgré leurs divorces ultérieurs.
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Les chevalières impériales, aujourd’hui recherchées en enchères, mêlent histoire militaire et art joaillier.
Conclusion
Les bagues de Napoléon racontent une épopée personnelle et politique. Des cerises de Valence aux saphirs de Joséphine, chaque bijou incarne un fragment d’histoire, entre innocence juvénile et calcul impérial. Leur valeur actuelle, souvent décuplée, atteste de la fascination durable pour cet homme qui gravait son destin dans l’or et les pierres.
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